Origine: Russie
Il était une fois une vieille femme dont le fils était un idiot. Un jour, ce garçon stupide trouva trois petits pois. Il sortit du village et les planta. Quand les pousses apparurent, il les surveilla. Un jour, il arriva sur place et vit une grue qui picorait les plantes. L’idiot se faufila et attrapa la grue. “Aha !” dit-il. “Je vais te tuer.” Mais la grue lui dit : “S’il te plaît, ne me tue pas ! Je vais te faire un cadeau.” “Très bien”, accepta l’idiot. La grue lui donna un cheval en disant : “Si tu veux de l’argent, dis “Va” à ce cheval, et quand tu en auras assez, dis “Arrête””. “L’idiot prit le cheval, le monta et dit : “Va !”. Le cheval se transforma en un tas d’argent. L’idiot rit joyeusement et dit : “Arrête !” Et l’argent se transforma à nouveau en cheval. L’idiot dit adieu à la grue et ramena le cheval à la maison, en traversant la cour, jusque dans la maison de sa mère. L’idiot donna des instructions strictes à sa mère : “Ne dis pas ‘Vas-y !’. Dis seulement ‘Stop’, maman.” Et il s’en alla surveiller ses petits pois. Sa mère resta longtemps perplexe : “Pourquoi m’a-t-il interdit de prononcer ces mots ? Et si je prononçais “Vas-y !” que se passerait-il ?” Et elle le dit. Le cheval se transforma en un tas d’argent. Les yeux de la vieille femme s’illuminèrent. Elle se dépêcha de mettre l’argent dans son coffre et quand elle en eut assez, elle dit “Stop !”. Pendant ce temps, l’idiot trouva à nouveau la grue en train de manger ses petits pois, l’attrapa et menaça de la tuer. Mais la grue dit : “S’il te plaît, ne me tue pas. Je vais te faire un cadeau.” Et elle lui donna une nappe. Quand tu as faim, dis “déplie” et quand tu as mangé, dis “replie”. “L’idiot l’essaya immédiatement. “Déplie !” dit-il, et la nappe se déplia. Il mangea et but à satiété et ordonna “Plie !”. Et la nappe se plia toute seule. Il l’emporta chez lui. “Maintenant, écoute, maman. Ne dis pas ‘Déplier !’ à la nappe, mais dis seulement ‘Replier ! ” Puis l’idiot alla de nouveau surveiller ses petits pois. Sa mère fit la même chose avec la nappe qu’avec le cheval. Elle dit “Déplie !” et entreprit de manger et de boire tout ce qui se trouvait sur la nappe, puis ordonna “Plie !” et la nappe se replia d’elle-même. Sur la parcelle de pois, l’idiot attrapa de nouveau la grue, qui lui présenta une corne et lui cria en s’envolant dans les airs : “Dis : “Hors de la corne ! “Pour son plus grand malheur, le idiot fit ce que la grue lui demandait, et deux jeunes hommes costauds armés de gourdins surgirent de la corne et le battirent jusqu’à ce qu’il tombe à terre. Puis la grue cria d’en haut “Dans la corne !” et les deux jeunes hommes disparurent. L’idiot rentra chez lui, chez sa mère, et lui dit : “Ne dis pas “Hors de la corne !” Dis plutôt “Dans la corne !”, maman.” Dès que l’idiot partit chez les voisins, sa mère ferma la porte à clé et dit : “Hors de la Corne !”. Sur quoi les deux jeunes gens costauds, armés de gourdins, bondirent et se mirent à battre la vieille femme, qui hurla. L’idiot entendit ses cris et couru jusqu’à la maison aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Voyant que la porte était verrouillée, il cria : “Dans la corne ! Dans la corne !” Quand la vieille femme s’est remise de sa raclée, elle ouvrit la porte et laissa entrer l’idiot. “C’est bien fait pour toi, mère !” a-t-il dit. “Je t’avais dit de ne pas dire ça.” L’idiot décida de donner un festin et invita tous les seigneurs et les dames. Quand ils furent arrivés et assis, il fit entrer le cheval dans la maison et dit : “Va, fidèle coursier !” Le cheval se transforma en un tas d’argent. Les invités furent stupéfaits et commencèrent à s’emparer de l’argent et à le cacher dans leurs poches. Puis le idiot dit : “Stop !” et le cheval réapparut, sans sa queue. L’idiot vit qu’il était temps de nourrir les invités, il sortit la nappe et dit : “Déplie !” La nappe se déplia et toute sorte de nourriture et de boissons apparurent dessus. Les convives se mirent à manger, à boire et à s’amuser. Quand ils eurent mangé à leur faim, l’idiot dit : “Plie !” Et la nappe se plia. Les convives se mirent à bâiller et à railler : “Montre-nous autre chose, l’idiot.” “Avec plaisir”, dit l’idiot. “J’ai ce qu’il vous faut !” Et il sortit la corne. Les invités ont crièrent : “Hors de la corne !” Alors les deux jeunes hommes bondirent et commencèrent à les battre de toutes leurs forces jusqu’à ce que les invités rendent l’argent qu’ils avaient volé et s’enfuient aussi vite que leurs jambes le leur permettaient. Et l’idiot et sa mère vécurent heureux jusqu’à la fin des temps avec le cheval, la nappe et la corne.
